Projet Cartylion
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Le Sel Noir

Recueil de Nouvelles

Des nouvelles dans l’univers de 3ème Aube par Quentin, Florian et l’équipe du Projet CarTylion.
Illustrées par Quentin.
D’après l’univers de Florian Desfougères et F.E Nebary.


Prologue

???


Large homme assis sur un fauteuil avec une bouteille de vin à ses côtés, c'est un marchand qui est habillé avec classe et qui reçoit le visiteur arrivant sur le site web du projet cartylion, ambiance bleue et sombre
Bienvenue dans la famille, laisse-moi te raconter mon histoire…

La chasse

La chasse sera bonne aujourd’hui.

La saison a commencé, le village a repéré toute une meute la nuit dernière et je veux être le premier à en ramener.
Malgré tout, je dois faire attention, ce ne sont pas des proies faciles, surtout lorsqu’ils forment une meute. N’importe quel groupe de chasseurs aurait des difficultés, mais je ne suis pas non plus n’importe quel chasseur, je suis le meilleur ! Enfin… dans mon village en tout cas.

Notre communauté est entourée d’une énorme forêt avec une faune et une flore particulièrement agressives, ainsi on a peu de communication avec l’extérieur. Le groupe d’échange qui va vendre certains de nos produits nous a raconté quelques éléments de l’extérieur : il y aurait des « villes » de pierre immenses, des gens capables de manipuler des éléments matériels ou immatériels de toutes sortes et accomplissant de nombreux exploits,  …

Bah ! Pas besoin de pouvoirs magiques, ni même d’armes ! Si je suis le meilleur ce n’est pas grâce à mon habileté à l’arc ou à mon maniement de la lance, c’est grâce à mes pièges ! Ils s’en moquaient au début mais ils ont bien dû constater leur efficacité.

J’avais déjà repéré la meute et préparé mes pièges en conséquence, plus qu’à les récupérer discrètement et le tour est joué.

La meute a changé de chemin, juste avant la zone que j’avais préparée, ont-ils repéré mes pièges ? Impossible ! Leur changement est trop brusque, ils ont été attirés par quelque chose… À part moi, personne dans le village ne sort aussi tôt. Un groupe extérieur ? Je dois vérifier.


Un groupe d’une dizaine de personnes, une petite caravane, ils sont complètement encerclés. Malgré les quelques gardes, la meute est trop nombreuse. Le temps d’atteindre le village, ils se seront déjà fait massacrer. Je dois faire quelque chose.

Je devrais pouvoir diminuer leur nombre en les attirant vers moi, j’ai quelques appâts et la zone de pièges n’est pas très loin.

J’interpelle la caravane :
« Hé la caravane, si vous voulez sortir de là, suivez mes instructions ! »
Je leur lance une cloche, avec ça le village devrait savoir que je les envoie.
« Je vais en attirer une partie, ils ne sont pas très vaillants. Lorsque vous trouvez une opportunité, allez vers l’Ouest en secouant cette cloche, mon village vous aidera. »

Bien, on dirait qu’ils m’ont compris. Devoir suivre les indications d’un type qui sort de nulle part ne doit pas les réjouir, mais pour le moment ils n’ont pas vraiment le choix.

Mes cris soudains ont perturbé la meute, surtout qu’avec mon manteau ils n’avaient pas senti ma présence, mais bon ce ne sera pas suffisant pour les détourner de leurs proies…

Le plan est « simple », lancer une première bombe vers la caravane, le bruit cinglant et l’odeur suffiront à interrompre les premières bêtes qui s’apprêtent à bondir sur les voyageurs. Je me jetterai alors hors de l’arbre et m’élancerai à toute allure à travers la forêt en allumant mon flambeau d’appât : le gaz qui s’en échappe va les attirer et les rendre fous furieux… Enfin normalement, je n’ai encore jamais testé cette concoction spéciale de mon cru…

Ça fonctionne ! Et même un peu trop bien. La caravane devrait pouvoir s’enfuir cette fois, mais il faudra diluer les doses pour la prochaine fois. J’espère que mes pièges tiendront et suffiront à réduire leur nombre. Ils se rapprochent, je suis rapide et endurant mais pas autant que ces bêtes, pas grave, le premier piège est bientôt là.
Lorsque je suis dans ma zone, même les bêtes les plus monstrueuses ne peuvent plus rien faire contre moi, le premier piège s’active, la bête se fait empaler de part en part, une mort propre et directe, les autres suivront.

Trop juste, je n’atteindrai pas le prochain, je vais devoir jeter le flambeau pour faire diversion et essayer d’en profiter pour prendre de l’avance le temps qu’il les perturbe.

Ouf, ça a marché ! Plus que deux flambeaux, tâchons de les amener vers les pièges restants.

Il m’aura fallu une trentaine de minutes, j’ai dû activer tous mes pièges. Malheureusement ils n’étaient pas prévus pour s’activer lors d’une course-poursuite, mais bon ils ont quand même été assez efficaces. J’ai eu tout juste le temps de lancer le flambeau vers le dernier piège et d’en profiter pour me cacher dans cet arbre, il s’en est vraiment fallu de peu cette fois…
Mon manteau devrait dissimuler ma présence à présent.

Le gaz ne semble plus faire effet et on dirait que la meute commence à battre en retraite. Les morts et le son des cloches des gardes du village semblent avoir fini de convaincre les plus téméraires. Je dois rejoindre le groupe qui a récupéré la caravane pour leur exposer la situation, ces voyageurs devront nous expliquer ce qu’ils font ici.


Ce sont des marchands, leur chef s’est aventuré dans la forêt pour nous trouver. Il cherchait nos remèdes qu’il aurait trouvés dans un marché, pour une femme gravement malade, il l’a même amenée avec lui, il devait être vraiment désespéré.
On lui a indiqué le groupe d’échange et en suivant nos traces, il s’est perdu dans la forêt. Il n’y a pas de route qui la traverse, nous créons nous-mêmes des passages éphémères à travers les bois selon l’activité de la faune.

On dirait qu’ils vont rester un moment : le marchand est prêt à payer cher pour que l’on fasse un traitement régulier à cette femme. La négociation avec les anciens va durer un moment…

Ils ont trouvé un accord, le marchand est tout de suite venu me voir après leur réunion. J’ai reçu une avalanche de remerciements pour les avoir aidés, il m’a même invité à manger avec lui et m’a proposé certains de ses articles. Je ne suis pas à l’aise avec tous ces compliments mais je serais fou de refuser des plats qui viennent de l’extérieur.

Malgré toutes ces complications, la chasse a été bonne aujourd’hui.


Caravane attaquée par des monstres 3ème Aube
La chasse d’Auguste Ours

L’histoire d’un nom

– Dit Ed… Pourquoi un ours ?


Alors que je m’occupais comme à mon habitude d’une montagne de documents à remplir, une question des plus atypiques me fut posée.


– Pardon Nahl, mais peux-tu préciser ta question ?


La léoum affalée sur le divan devant moi semblait chercher ses mots d’une façon agacée. Si elle était une digne représentante de sa race pour ses aptitudes physiques, pour ce qui était d’utiliser sa tête, c’était une autre histoire.
Heureusement que je l’ai engagée comme garde du corps et non comme secrétaire.


– Mais tu sais, pourquoi un ours ? Je veux dire le costume, le nom, tout ça quoi…


J’avais déjà compris la question, continue donc à te triturer les méninges quelques secondes, tu n’avais qu’à pas m’interrompre...


Après quelques instants, il me sembla temps de mettre fin à son supplice.

– Tu te demandes pourquoi je me fais appeler Auguste Ours ? Eh bien la version courte serait de te répondre que je viens d’un village forestier, que mon nom d’enfant était Ours, et que ce sont des créatures féroces.


À voir sa tête perplexe, ma réponse ne l’avait que plus perdue dans ses réflexions.


– Ton nom d’enfant ? Parce que tu as plusieurs noms ?


Bon, la paperasse attendra, vu son regard, elle risque de continuer à me harceler de questions si je ne lui raconte pas.


– Bon donc je vais te faire la version longue…


Alors que je commençais à ranger mon bureau, un bruit discret se fit entendre en haut du grand meuble à côté de moi.


– Ah donc, toi aussi ça t’intéresse sœurette.


Assise sur le meuble, une autre léoum surplombait la pièce. Elle fit un petit hochement de tête silencieux en direction de sa sœur.


– Halia, j’espère que tu as bien fini ce que je t’ai demandé avant de venir ici.


Toujours silencieuse, elle me jeta une petite capsule en me regardant, attendant mon récit. Halia était mon assassin, mon informatrice ainsi que mon coursier privé. Là où sa sœur Nahl était une masse immense, bruyante, sans tact et trop bavarde, Halia était le parfait opposé : svelte, discrète et peu sociable. Elle était néanmoins la meilleure dans son domaine, non pas que Nahl soit incompétente comme garde, bien au contraire elles étaient toutes les deux parfaitement taillées physiquement et psychologiquement pour leur travail. Inverser leurs postes serait par contre une expérience hilarante.


– Je m’avoue vaincu par la majorité.


Les deux léoums se regardèrent avec un rictus moqueur tout en s’installant confortablement à leur façon.


– Bon, pour commencer, mon nom. Dans mon village les noms sont importants, lorsqu’un individu meurt son nom lui est retiré puis est gardé avant d’être transmis à quelqu’un d’autre. Enfants, nous avions un faux nom, souvent des noms d’animaux, c’est à notre majorité que notre vrai nom nous est révélé. Donc mon nom d’enfant était Ours et mon nom d’adulte était Auguste, pas besoin de vous expliquer mon manque d’originalité.

– Un instant ! Ton nom, c’est Edward, affirma Nahl.

– J’y arrive ! Comme je l’ai dit les noms sont importants. En quittant mon village avec ma femme, je fus obligé de rendre le mien. Je n’ai pas coupé les ponts avec eux, j’ai toujours des interactions, mais c’est juste la tradition ! C’est mon épouse qui m’a trouvé mon prénom et j’ai adopté son nom lors de notre mariage.


Nahl m’interrompit à nouveau, d’un air étonné :

– Bon ok, mais ce n’est pas juste de la nostalgie tout ça, je veux dire, tu bosses principalement dans un port et une grosse partie de ton commerce est lié à la navigation. Un ours dans la mer c’est quand même peu commun, les créatures marines terrifiantes ce n’est pas ça qui manque, même l’organisation s’appelle Léviathan.

– La raison profonde de mon nom…, continuais-je pensif, eh bien c’est un rappel à moi-même. Je me suis plongé dans cette mer puante et violente pour retrouver ma famille, je ne suis pas à ma place là-bas et je ne veux pas m’y sentir bien. J’essaye juste de ne pas me noyer pendant cette plongée, luttant contre tous ces requins avides de sang, espérant pouvoir revenir à la surface.


Le silence se fit à la fin de mon discours. Les sœurs affichaient un visage gêné, j’avais peut-être un peu trop développé l’aspect dramatique de mon histoire…


– Et pour finir les ours se nourrissent de poissons, j’ai donc un immense buffet et plein de proies à disposition, repris-je en riant.


La mauvaise boutade eut au moins l’avantage de décrisper la pièce.


– Bon et sinon il me semble que tu n’as toujours pas été vérifier le poste de garde aujourd’hui Nahl, dis-je d’un air plus sérieux.
– Rha c’est d’un ennui… enfin tu as pris la peine de me répondre. Retourne donc à ta paperasse, je vais voir si les gamins ont bien fait leur travail.


Bien, en voilà une de partie.


– Et toi Halia j’ai besoin que tu t’occupes de l’affaire des pieuvres jaunes avant ce soir s’il-te-plaît.

M’adressant un signe affirmatif, elle plongea devant mon bureau.

– Et tu feras quoi lorsque tu sortiras de l’océan ?


Il était assez rare d’entendre sa voix fluette, mais sa question était assez lourde pour que je ne m’attarde guère.


– Je ne sais pas encore, probablement mettre en sécurité ma femme et ma fille et leur offrir une vie normale à nouveau.


Semblant satisfaite de ma réponse elle s’éclipsa sans un bruit, me laissant seul dans mon bureau.


Elles ont compris…

Je n’aime pas leur mentir, malheureusement je ne suis pas encore prêt à leur dévoiler tous mes plans. Le nombre de personnes qui connaissent mes motivations et ma double identité se compte sur les doigts d’une main, ces deux-là en font partie, même si ce n’était pas prévu…

Mais comment leur dire qu’après avoir retrouvé ma famille, je compte faire table rase du Léviathan et partir loin de cette maudite ville ?

Comment leur dire que je ne les reverrai sûrement plus jamais, que je compte bien éliminer des centaines de personnes, et faire exploser plusieurs bâtiments pour couvrir mon départ…

Et surtout, comment leur dire que ce qui me terrifie, plus que la noyade, c’est que l’ours commence à s’habituer, à respirer dans cette eau nauséabonde pour nager toujours plus profondément dans les abysses de cette ville ?


Un ours dans l'ombre dans un fond bleu
L’ours est-il en train de nager ou bien de se noyer ?

Le Golem et l’Ours

De tous les endroits de cette ville la Basse-mer est le pire, un bidonville se trouvant au sud-est de la cité, collé à la mer.


Toutes les habitations sont fabriquées à partir de détritus et de restes d’épaves échouées sur le front de mer.


Malgré la tache qu’elle représente pour la ville, les hautes instances en tirent un certain profit, des chasseurs viennent régulièrement pour attraper de futurs « meubles » ou se réapprovisionner en « appâts » de pêche.


Et malgré tout, la Basse-mer ne désemplit de pauvres, de bandits ou encore de fugitifs.

Bidonville animé et coloré
Bidonville près de la mer

De plus c’est l’endroit parfait pour toutes sortes de trafics illégaux ou de projets discrets.



Après plusieurs minutes dans ce labyrinthe de bois, j’arrive à destination. Je rentre dans cette ruine avant de faire face à un cul-de-sac. Quelques secondes plus tard, toujours immobile, j’entends une série de coups dans le mur devant moi.



Je tape 3 coups sur le sol, quelques secondes passent, puis une planche se désolidarise du sol, un visage rachitique apparaît.


Vous voilà, entrez vite, vous ne serez pas déçu du résultat !

C’était un Falf à la peau rougeâtre, de la famille des Fées, ils sont connus pour être de formidables artisans.


Dépêchez-vous, David a fini ses essais magiques sur le prototype, il ne manque plus que vous pour tout tester.



Je commence à descendre sous le plancher, continuant à m’enfoncer sous le sol avant d’arriver dans une grande salle bien aménagée.


Un homme se trouve dans la pièce, il semble exténué mais concentré sur son travail, vérifiant son œuvre dans les derniers détails.


Au centre un immense corps de presque 3 mètres de haut nous surplombant, inanimé et silencieux, différents tracés lui parcourent le corps et provoquent une faible lueur.


Ha maître Bergas !

L’homme du nom de David, s’apercevant de ma présence, s’approche de moi, excité.

– Je pense avoir atteint mon but, le golem devrait fonctionner, mais je dois vous prévenir, toute action qui concerne la magie de l’Âme est très délicate, et demande moult précaution.

David est un magicien de l’Âme, je l’ai sauvé d’une mort certaine au fond d’une ruelle et depuis, il est prêt à tout pour payer sa dette.

– Je suis au courant David, tu m’as bien expliqué de nombreuses fois les risques d’une telle entreprise.
– Et je me répéterais autant de fois que nécessaire, envoyer une âme dans un objet c’est possible mais la ramener dans son corps d’origine intact et sans contrecoup est infaisable.
– C’est bien pour cela que je t’ai demandé toutes ces préparations.
– Exactement, toutes les préparations pour le transfert sont en place, mais j’insiste, vous ne devez pas abuser du golem, une blessure de l’Âme peut être mortelle ou au mieux vous rendre complètement fou.

Fou, je le suis surement mais je suis prêt à tout pour les retrouver.

– Ne t’inquiète pas, je ferai attention, j’ai de quoi m’occuper de ce problème.

David baisse les bras en soufflant de résignation :

Ah oui, votre solution mystère, si ce que vous m’avez dit est vrai, n’importe quel magicien de l’Âme tuerait pour se la procurer. Malgré tout, espacez le plus possible vos transferts et soyez le plus près possible du golem lors de la procédure.


Attendant la fin de notre discussion, le Falf reprend la parole :

Bon il faut toujours faire les derniers tests, avez-vous des indications pour le reste de la forme du golem ?


Cette masse devant moi va devenir mon alter ego, mon représentant officieux dans les bas fonds de cette ville, il se doit d’être charismatique, terrifiant, subjuguant tous ceux qui le regarderont. Grâce à lui, je pourrai me salir les mains sans entacher les noms des Bergas, je pourrai enfin exploiter tous les solutions pour les ramener auprès de moi. Et lorsque ce sera fait, je pourrai le détruire et retrouver une vie normale.


– Fais-lui porter ce costume. Vous avez tous les plans sur ces documents, il me faudrait aussi 3 golems supplémentaires.


David et le Falf soufflèrent d’épuisement à mes mots, se préparant à endurer encore de très longues semaines de travail.


– Bien, ce sera tout ? demanda le Falf.
– Non, une dernière chose, trouve-moi les têtes d’ours les mieux conçus et place-les sur les golems.


Ambiance bleue, personnage en train de rentrer dans une maison
Auguste Ours à Basse-Mer.

Dispositif dormant n°15 – Opération Auguste Ours

« Dispositif dormant numéro 15, début du visionnage »

C’était trop beau pour être aussi simple : aller dans un bar, payer quelques verres d’alcool, user de mes talents d’orateur pour repartir avec le plus d’infos et empocher un max d’argent.

Il n’aura fallu que quelques secondes après avoir fini le premier verre pour que je tombe dans les pommes, personne n’avait mis quoi que ce soit dans mon verre donc le barman était forcément de mèche avec mes ravisseurs.


C’était un piège et la grosse somme proposée par ce type, comparée à ma dette à éponger, m’a fait oublier la méfiance la plus simple et il devait le savoir.

Me voilà donc juste après mon réveil dans une énorme cage, un collier au cou, avec d’autres malheureux tout comme moi enchaînés. Au vu du matériel et des moyens utilisés pour capturer autant de personnes, mes ravisseurs sont donc des Rafleurs, ces esclavagistes haut-de-gamme qui piègent toutes sortes de gens pour les revendre dans d’autres pays.

Leur matos est de premier ordre : je peux voir différents symboles magiques pour insonoriser la cage et bloquer toute lumière extérieure, ainsi que des liens pour nous déplacer comme ils le souhaitent en utilisant nos colliers. Il y a même des endroits pour faire nos besoins.

Une telle installation veut dire que nous allons voyager longtemps et aucun moyen d’avoir des infos extérieures, faut que je trouve un moyen de me tirer d’ici.

« Avancez plus loin, toute cette séquence est inutile »
« – Bien »
…..
« – Stop ! Il y a d’autres dispositifs ici. »


Une semaine que nous sommes baladés dans cette cage, celle-ci se remplit de nouveaux locataires régulièrement, je commence à connaître toutes les têtes. Ils utilisent toutes sortes de méthodes pour capturer des gens discrètement mais celle que j’ai subie a l’air d’être la plus répandue.



D’après les différentes discussions, je pense savoir où on se situe.

« Regardez, ce sont les agents de position 4 et 10, le dispositif se situe près de la ville, concentrez-vous ! L’attaque va bientôt avoir lieu. »


Mon crâne me fait un mal de chien, on dirait que la cage s’est fait attaquer. Malgré les protections on a tout ressenti des violentes secousses, ça a duré un bon moment.
La cage s’ouvre enfin, je n’avais encore jamais vu ces types, nos ravisseurs sont soit morts soit le plus loin possible d’ici.



Merde ! Je pensais être libre mais me voilà bâillonné avec un sac sur la tête à me refaire balader.

« Aucun moyen de voir leurs déplacements, faites des portraits des attaquants et trouvez des infos sur eux. »
« – Quand retrouve-t-il la vue ? »
« – Quelques heures après la fin. »


Je suis enfin libre de mes mouvements, on est plusieurs dizaines dans une grande salle fermée mais aménagée : table, siège et de la nourriture, de la vraie, pas cette bouillie servie dans la cage, je ne vais pas me priver.


Quelqu’un rentre, il est immense, on dirait une montagne qui marche mais c’est quoi ce masque en forme d’ours sur la tête.

« C’est lui ! Gardez cette séquence pour identification »



C’est vraiment terrifiant surtout qu’il tranche avec son costume chic et soigné.


On dirait bien que c’est ce type, enfin son groupe qui nous a libérés, un charmant discourt, bien construit, toute la salle semble avaler ses paroles, je sens des picotements et j’ai du mal à détourner le regard.

« Le dispositif semble réagir, un sort doit être actif dans toute la salle. »


Il nous offre un travail, paye le gîte et le couvert pendant qu’il trouve des moyens de nous rapatrier chez nous.


Mais je n’ai pas passé une semaine dans une cage pour me faire embrigader par un grand discours de recrutement ou me refaire piéger.

« Il semble résister au sort, vérifiez si c’est dû à nos préparations sur l’hôte. »


Voilà qu’ils nous font entrer un par un dans différentes salles, comme je le pensais on me pose des questions sur ce que je faisais on me demande des infos pour m’aider à rentrer chez moi le tout en me brossent bien dans le sens du poil.


Je joue le jeu, pas envie de me les mettre à dos, s’ils nous offrent vraiment un logement, des possibilités pour en partir viendront d’elles-mêmes.
C’est enfin fini, ils nous replacent le sac sur la tête et nous dispatchent dans la ville, on est en pleine nuit, il doit bien encore y avoir un bar d’ouvert.

« Le dispositif cesse de fonctionner une vingtaine de minutes plus tard, on l’a retrouvé dans le canal situé non loin de son point de sortie et comme tous les autres on le retrouve mort, la gorge tranchée. »

« – Oui mais seuls les individus avec les dispositifs sont retrouvés morts, ceux observés lors du visionnage sont soit retrouvés vivants chez eux là où ils ont été enlevés, soit ont disparu de la circulation. »

« – Et les identifications d’Auguste Ours, elles sont faites ? »

« – Oui, elles sont identiques aux dispositifs 2,5,6 et 12 qui ont réussi à l’atteindre, malheureusement le dispositif 12 se trouvait dans le convoi du numéro 15 mais dans un autre bâtiment, nous pensons donc qu’il s’agit d’un pantin manipulé à distance. »

« – Donc aucune information que nous ne savions pas déjà. Et sur leur position de réunion ? »


« – Rien, malheureusement, le suivi du dispositif est brouillé à partir du moment où ils sont récupérés jusqu’à leur libération finale, sûrement le même qui a lancé le sort dans la pièce, ils doivent aussi avoir un magicien de l’Âme avec eux ».

« – Donc toute cette opération est un gâchis monumental de ressources et de temps, j’avais prévenu le Conseil qu’implémenter des fragments d’Âme dans divers individus pris aléatoirement serait bien trop difficile à diriger et même avec les esclaves qu’il libère, il ne laisse rien passer au niveau de la sécurité. »

« – Devons-nous poursuivre avec les autres dispositifs ? »

« – Oui nous avons encore 12 autres types dont il faut scanner l’Âme, s’il y a la moindre information sur Auguste Ours à tirer, je la trouverai »

« – Si nous pouvions avoir des images de celui qui élimine tous nos dispositifs, ce serait aussi avantageux. »

« – Pas besoin, nous la connaissons très bien mais nous sommes incapables de la capturer, continuons, le Conseil attend un rapport pour demain, même s’il faut passer la nuit devant tous ces cadavres. »

Hommes dans une cave ambiance bleue hypnotisés par un grand Humanoïde
Dispositif dormant n°15

Le premier pari

Assis près d’une table, Edward attendait patiemment, tout en se déplaçant de temps en temps pour esquiver un débris de pierre ou de bois.


« On me dit souvent que je tombe dans des affaires tordues et improbables. Pourtant je prépare des plans, prévoie les événements, regroupe des informations. » pensait-il.

*CRASH*

« Je devais juste négocier une offre pour entrer dans leur domaine et laisser Bor s’occuper du reste. Et me voilà en pleine zizanie à attendre que le malentendu se dissipe… continuait-il dans ses pensées.


– Hé j’ai trouvé de quoi boire pour accompagner la viande en attendant qu’ils se calment ! l’interrompit une Léoum à forte carrure.  »

La Léoum, le visage amusé, une chope dans chaque main, s’assit à ses cotés pour profiter du spectacle.


« Maintenant que nous avons de quoi patienter, on peut reprendre la discussion pour décider à qui la faute de cette situation dit-elle, en passant une chope à Edward. »


*SLASH*

Juste avant de subitement se baisser pour esquiver une chaise.

« Il me semble que c’est vous qui avez surgi lors de ma réunion, en hurlant, et les armes à la main reprit-il calmement.
– Vous m’en voulez encore pour la prise d’otage ? Je me suis déjà excusée pour ça. Je n’ai juste pas pris la bonne personne. »
La Léoum but une gorgée suivie d’un rot qui couvrit presque le vacarme ambiant.


« Vous ne m’avez toujours pas dit pourquoi il vous avait enfermée et surtout comment » répondit-il en la toisant de bas en haut. Maîtriser une femme de sa carrure devait nécessiter 3 voire 4 hommes.
– Ils m’avaient engagée pour un contrat, tuer un type qui ne leur revenait pas, un boulot facile, jusqu’au moment où ils ont commencé à négocier les prix pour des broutilles. »


La Léoum souleva le plat de viande avant que la table entre eux s’écrase violemment sur le mur de derrière.


« Attends je vais en chercher une autre, dit la Léoum.
Donc des broutilles d’exécution et de façon de faire, mais je savais bien qu’ils voulaient juste m’escroquer. Lorsqu’ils ont vu que je m’énervais, ils m’ont proposé de discuter avec de la bouffe, ce que j’ai accepté, sauf qu’ils l’avaient gorgée de ne je ne sais pas quoi qui m’a assommée en 10 secondes. »


Riant de bon cœur, elle prit une portion de viande ainsi qu’une gorgée.


« – Et toi, tu étais là pour de fausses négociations, pour les éliminer, c’est ça? supposa-t-elle.
– Oui ils perturbaient mon commerce pour m’obliger à payer des taxes de protection, ils devaient me conduire à leur planque et avec un traceur sur moi, le grand costaud devait me retrouver répondit-il en pointant Bor.
– Et il est arrivé lorsque mon épée était sous ta gorge.
– Et ta comparse est arrivée lorsque mon ami s’est jeté sur toi.
– On est sœurs mais oui, sans nouvelle elle a dû s’inquiéter et me chercher.
– Puis le gang à essayer de nous tuer tous les deux.
– Exact, c’est là que j’ai compris que je n’avais pas chopé le bon gars.
– Bah, tu m’as lâché juste après pour me protéger, donc on est quitte.
– Oui encore pardon, sans rancune ? répondit-elle.
– Sans rancune. »


Cognant leurs chopes, les deux burent un coup avant qu’un colosse s’écrase sur la nouvelle table, la détruisant elle aussi.

« Ça va, tu en as encore pour longtemps ? demanda Edward à Bor.
– Cette brindille bouge trop, mais il me faut juste un coup.
– Prends ton temps, répondit Edward. »


Le colosse se leva et chargea à nouveau sur son assaillant.


« Vous êtes vraiment sœurs ? Vous n’avez pas du tout le même gabarit.
– On nous le dit souvent mais on se complète bien : moi les muscles, elle la finesse, on fait un duo de mercenaires d’enfer. »


Continuant de manger, Edward et la Léoum observaient leurs compagnons continuer leur combat, ignorant les cadavres du gang éparpillés dans la pièce victime du combat entre les deux furies.


« Tu crois qu’on doit leur dire pour les malentendus ? s’esclaffa la Léoum.
– Honnêtement je pense qu’ils ont compris, mais leur fierté les empêche de clore le combat sans vainqueur.
– Pas faux, mais ton grand gaillard commence à s’essouffler, se moquait-elle.
– Oui, mais les coups qu’elle lui porte ne lui font pas grand-chose.

– Oh, Monsieur est observateur. Ça te dit un pari ?
– Tenu ! Je peux même te proposer un enjeu : si je gagne, vous bossez gratuitement pour moi pendant 1 mois, hors frais de nourriture, et si tu gagnes je te donne le triple de la récompense que te devait le gang.
– Tenu ! Quel est ton nom et celui de ton poulain ? Pour savoir qui je dois remercier pour le repas que je vais me faire après avoir gagné.
– Moi c’est Edward et lui c’est Bor, et j’aurais besoin moi aussi de connaître le nom de mes futurs larbins.
– Hahaha, moi c’est Nahl, elle Halia. Prépare ton or, Edward répondit la Léoum en riant.
– Je vais te faire trimer Nahl. »


Alors que Bor et Halia continuaient leur combat Nahl et Edward criaient des encouragements et des conseils à leurs comparses pour gagner leur pari.


Jeu d'ombres : deux chopes devant un combat
Deux chopes qui s’entrechoquent devant un combat épique !

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