Projet Cartylion
Partageons notre passion Communauté
Catégorie :
Date : 8 août 2021

Pourquoi des classes dans les jeux de rôle ?

Paladin, voleur ou mage, vous avez très certainement un type de personnage préféré dans les jeux de rôles, ou plus précisément une classe que vous aimez incarner.
Mais quelle est l’utilité d’une classe ? Pourquoi ce système est-il si développé ?

Le système de classes participe à la richesse d’un jeu et à son originalité, au même titre que le système de dés ou de caractéristiques. En effet, il ne suffit pas de connaître les rôles de base pour explorer toute la complexité des meilleurs jeux de rôles.

Nous allons voir dans un premier temps ce que sont les classes et à quoi elles peuvent servir. Puis nous verrons pourquoi cette construction est devenue une structure incontournable. Par la suite nous allons essayer de comprendre en quoi les classes peuvent être frustrantes ou au moins dérangeantes pour certains joueurs ou maîtres du jeu.

Si c’est une construction classique dans la plupart des jeux de rôles ou jeux vidéo compétitifs notamment, certains créateurs ont pourtant décidé de s’en séparer pour diverses raisons dont nous allons discuter.

Qu’est-ce qu’une classe ?

Le dogme des classes de personnages est apparu pour la première fois dans le mythique « Donjons et Dragons » créé en 1974 par Gary Gygax et Dave Arneson, précurseurs du jeu de rôle. Ce jeu est à l’origine de la majorité des éléments que l’on retrouve encore aujourd’hui dans n’importe quel jeu de rôle (expérience de combat, compétences de personnage…).


Une classe est une catégorie à laquelle un personnage d’un jeu va appartenir.


C’est cette classe qui va influencer les caractéristiques essentielles du personnage, par exemple ses statistiques (intelligence, force, agilité, …), les limites de ce personnage (par exemple son gabarit peut conditionner le nombre d’équipements qu’il peut porter), ou spécifier et améliorer certaines de ses capacités et limitant ou améliorant d’autres (un mage peut avoir une compétences d’érudition que le guerrier n’aurait pas par exemple). Elle permet également de définir l’équipement que le personnage pourra avoir ou non en sa possession.


On peut aussi rassembler les classes selon leur rôle dans une équipe, à savoir infliger des dégâts (rôle « DPS »), en encaisser (rôle « Tank ») et soigner (rôle « Soigneur ») ou plus largement « Soutien » pour toutes les classes de support. On aura beau avoir un nombre infini de classes, elles tomberont toutes dans au moins un de ces rôles.

Boîte du jeu Donjons et dragons rouge boite 1 règles de base
Boîte de jeu DnD, version française de 1985

Quelles sont les utilités des classes ?

Aider à la création des personnages


Dans un jeu de rôles, le joueur se concentre avant toute chose sur la création de son personnage. Le choix de la classe (lorsque le jeu s’y prête et/ou que le maître de jeu donne cette liberté), va définir la façon dont le joueur pourra évoluer au cours du jeu. Les règles particulières liées à sa classe vont déterminer une part du gameplay, et peuvent influencer également l‘interprétation dans le roleplay de la personnalité de son personnage. Un joueur n’est pas forcé d’interpréter son barbare comme un bourrin sanguinaire à la Conan, mais nous verrons par la suite qu’il est toujours plus simple de suivre les caractéristiques de sa classe.


Avoir une équipe équilibrée


Le jeu en lui-même doit être équilibré pour proposer un challenge intéressant, sans être trop difficile à surmonter ou trop facile à traverser. Les classes vont créer un déséquilibre chimérique qui permet aux joueurs de choisir sous quel angle aborder le jeu. Il est donc conseillé d’avoir une équipe composée de personnages appartenant à différentes classes. C’est aussi au MJ et/ou à l’équipe de se concerter pour savoir s’ils mettent en place ce type d’équipe ou non (sachant que rien n’empêche les joueurs de jouer uniquement des barbares ou uniquement des mages, le jeu de rôles est fait avant tout pour s’amuser).

S’adapter au scénario    


Il faut savoir dans quel type d’aventure on va mettre les pieds pour savoir quelle classe choisir. C’est généralement au maître du jeu d’orienter les joueurs lors de la première séance de préparation d’une campagne afin qu’ils sachent à quoi s’attendre.


Intégration dans l’univers


Les classes donnent également des pistes sur le lore de l’univers du jeu. Par exemple, un paladin peut être associé à une divinité précise et il peut donc suivre les valeurs de sa divinité pour garder son statut (et les avantages qui vont avec). Enfin, le joueur peut choisir ou non de suivre ces éléments de structure qui font partie de sa classe.

Décider de respecter telle ou telle valeur inhérente à sa classe peut avoir tout un éventail de significations. Cela peut faire parfois partie de l’histoire, comme cela peut-être un choix délibéré du joueur, qui pourrait par exemple jouer un semi-orc voulant s’intégrer dans la société humaine malgré ses mœurs violentes de barbare, ou un paladin faisant des excès de zèle ou ayant des choix moralement discutables alors qu’il est sous l’égide de la lumière. Pour ce paladin, abandonner les valeurs de sa divinité pourrait avoir pour conséquence de lui retirer certains pouvoirs…

Image de Conan le Barbare
Conan le Barbare, adpaté du livre éponyme de Robert Howard

Quels sont les problèmes posés par les classes ?

Certaines personnes pensent que les classes sont limitantes et peu réalistes. En effet, l’un des arguments est que, si la classe ne permet pas d’utiliser certains équipements, cela peut frustrer le joueur. Dans une situation réelle, n’importe qui voudrait employer l’arme la plus efficace dans un combat, pourquoi ne pas saisir l’épée alors que je suis un archer quand je me retrouve au corps à corps ?! Quitte à ce que je ne puisse pas m’en servir aussi bien que mon arc. Cela dépend des règles du jeu, et également du bon vouloir du MJ. Par exemple, un charlatan dans le jeu de rôle Warhammer V2 ne peut utiliser à bien des armes lourdes (il peut en porter une mais ses malus sont tellement élevés qu’il serait compliqué d’essayer cela).


Ainsi pour diversifier les capacités des personnages, certains jeux utilisent le multi-classing. Mais c’est tout simplement rajouter de nouvelles limitations. Certes, cela ouvre de nouvelles possibilités, cependant notre personnage est toujours classé dans une certaine catégorie et ne pourra pas toujours faire ce que son joueur attend de lui lors d’une situation particulière.


Cela bride la liberté du joueur de choisir à tout moment dans quel sens il veut faire partir son personnage après, par exemple, un événement grave dans son histoire. Car si, par hasard, la possibilité de changer de classe est accordée par le MJ, elle ne va pas sans conséquences négatives (sauf par exemple dans Warhammer où le personnage peut changer de carrière contre un nombre précis de points d’expérience). Souvent cette éventualité n’est donnée que dans le cas de la mort du personnage, ce qui implique de tout reprendre depuis le début (quid des équipements et sorts acquis, etc).

Couverture de livre Warhammer Fantasy roleplay
Livre de base du jeu de rôle Warhammer, adapté du jeu de figurine.

On peut envisager la complexité d’un virage que prendrait un personnage sans qu’il meure :

Devrais-je enlever tous mes points de compétences pour les réattribuer à ma nouvelle classe ? Si oui, je perds toute possibilité d’agir comme si j’avais appartenu précédemment à mon ancienne classe. Ai-je encore accès à mes anciennes capacités ? En ai-je de nouvelles ? Puis-je faire usage de toutes ces capacités ?

Cela dépend des règles, si elles permettent cela, ainsi que du bon vouloir du MJ si la mort d’un personnage et l’incrustation d’un nouveau peuvent être incluses dans le scénario.

Quelles ont pu être les tentatives de quitter ce dogme ?

Certains jeux (comme « Call of Cthulu », jeu de rôle d’enquête horrifique inspiré des nouvelles de H.P Lovecraft) ont décidé de faire fi des classes en faisant en sorte de donner accès à toutes les compétences possibles à n’importe quel personnage. Le joueur a donc une idée du personnage qu’il va jouer lorsqu’il choisit ses compétences. Dans le cas de « Call of Cthulu » le joueur choisit tout de même un métier qui lui offrira un petit set de compétences. Il peut composer avec les différentes possibilités qui s’offrent à lui mais va réfléchir à optimiser en un sens ses capacités et donc, finir par avoir un rôle défini. L’une des forces de ce jeu de rôle réside donc dans le fait que l’on ne pourra avoir aucun personnage identique, aussi bien au niveau des caractéristiques que des spécialités et compétences (on peut avoir une équipe de 4 policiers tous différents, avec une fonction différente).


Prenons l’exemple de « Vampire the Masquerade », pour lequel le joueur ne choisit pas, à proprement parler, une classe mais une famille, souvent plus pour leur lore que pour le gameplay. Le joueur va ensuite placer des points dans les pouvoirs qu’il veut utiliser et sa méthode de chasse parmi d’autres caractéristiques. Le joueur est donc assez libre et peut orienter son personnage sur son style de jeu. Mais chaque famille a des contraintes particulières et ses propres pouvoirs et aller à l’encontre de ce qui définit sa famille fait prendre des malus sur la progression des pouvoirs choisis.


On a pu voir que dans les efforts qu’ont pu faire les développeurs de « Guild Wars 2 » pour avoir des classes ayant la capacité d’effectuer tous les rôles, certaines classes étaient tout bonnement plus efficaces que d’autres dans certains domaines ce qui donna lieu à partir du contenu coopératif ou compétitif, à une classification de la part des joueurs pour simplifier l’attribution de rôles. C’est donc là encore une sorte de contre-démonstration sur l’inutilité des classes qui a été faite.

Boite de jeu « Appel de Cthulhu », jeu de rôle de Sandy Peterson sorti en 1981
Boite de jeu « Appel de Cthulhu », jeu de rôle de Sandy Peterson sorti en 1981


Lorsque l’on crée un personnage en tant que joueur, on se donne toujours une base, par exemple « je vais faire une assassine qui va se rendre invisible et créer des illusions » ; ça ressemble en tout point à la description d’une ninja. Alors même que le jeu offre toutes les libertés, certains joueurs préfèrent avoir en tête un archétype qui leur fait plaisir ou une optimisation de pouvoirs qui va créer une réaction en chaîne dans les combos de compétences que va avoir le personnage pour l’optimiser.


Une solution pour quitter ce dogme de classes de personnages serait de créer un jeu dans lequel les classes sont quasiment des personnages entièrement pré-faits, leurs particularités se trouvant dans le nombre et la diversité parmi lesquelles les joueurs pourraient choisir. Qu’en pensez-vous ? Aimeriez-vous jouer à un jeu construit de cette façon ?


Avoir une classe définie à la création du personnage n’est pas une nécessité. On a pu voir que dans certains cas, ça va donner une sensation de blocage. Mais on a aussi vu que peu importe la liberté de création qu’on donne à un joueur, il va forcément définir lui-même ses limites. Parfois les joueurs ont besoin de classes parmi lesquelles choisir pour apprécier leur personnage.


À mon avis, les classes seront donc toujours là, qu’on les apprécie ou non, et elles ont aidé plus d’un joueur à bien appréhender son personnage. Mais si vous ne les appréciez pas, vous trouverez forcément un jeu qui vous offrira une illusion de liberté parmi tous les jeux qui existent aujourd’hui.

Pour aller plus loin :



Kenovin
 
Kevin est un jeune stagiaire en game design qui est passé par le Projet CarTylion. Passionné de jeu de rôles, il a aimé partager cette expérience avec l'équipe.
 

1 reply on “Pourquoi des classes dans les jeux de rôle ?”

    1. J’ai adoré en apprendre plus sur un élément de base que l’on retrouve souvent. Je fais du jeu de rôle et je ne m’étais jamais posé la question « d’où ça provient ».
      J’ai appris plein de trucs sympa🥰
      🤩Merci

      4 j'aime

Laisser un commentaire

Cette section n'est pas encore disponible.

Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas encore de compte ?

Créer un compte

Pour rester informé-e des évolutions du site, laissez-nous votre email.

À bientôt !