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Date : 17 février 2021

Artemis Fowl et l’écriture des personnages dans une histoire

Regarder un petit film sous un plaid alors qu’il neige dehors, un programme de soirée habituel pour Fleur et moi. Le dernier film que l’on a regardé, c’est Artemis Fowl, un film sorti en 2020 sur Disney Plus. Ayant bien sûr lu le livre (je vous ai déjà parlé de ma bibliothèque de plus de 400 bouquins ?), je voulais vous livrer une petite analyse centrée sur les personnages et leur réinterprétation dans le film.

Histoire et construction d’un personnage

Dans la série d’Eoin Colfer, composée de 8 livres, les personnages ont le temps de se construire petit à petit. Le film est à l’inverse très rapide, le background n’est presque pas expliqué et il ne laisse pas beaucoup de temps au spectateur pour comprendre l’histoire et donc encore moins pour rentrer dans la tête des personnages et les déchiffrer.

Par exemple, Holly Short, la jeune elfe, change d’attitude envers d’Artemis (qui l’a kidnappée, on le rappelle) au cours du film car elle ressent une connexion entre eux, mais il n’est jamais expliqué clairement ce qui les rapproche car on n’en apprend pas assez sur elle.

De plus, dans le livre, c’est le seul agent féminin des FARfadet (Forces Armées de Régulation et Fées Aériennes de DETection) élevée au grade de capitaine, mais dans le film elle n’a pas du tout cette place particulière dans l’armée et est juste un soldat parmi les autres.

Pour Artemis lui-même, le héros empreint d’une légère folie et qui se bat pour sa mère devient un banal archétype de gamin lisse, qui manque de cadre pour se développer. Et c’est assez énervant car on ne reconnaît pas le personnage, de plus il perd une grande partie de son intérêt et de son côté attachant pour le spectateur. C’est donc une mauvaise construction du personnage dans le film, ou plutôt une construction inexistante du personnage dans le film, alors qu’on partait d’un personnage très intéressant dans le livre (logique car c’est le héros).

Les personnages sont donc moins construits dans le film que dans le livre, et le spectateur se retrouve moins impliqué dans l’histoire car moins attaché aux personnages.

Identité et rôle d’un personnage dans l’histoire

Certains personnages sont transformés


Le commandant Root est un personnage important dans l’histoire car c’est le chef de l’armée que va affronter Artemis.


Dans mon esprit, le commandant Root était un homme de 40 ans. Ici c’est une femme de plus de 80 ans, Judi Dench, mais une telle autorité émane de son regard qu’on perçoit tout de suite sa dangerosité.

L’auteur, Eoin Colfer, semble valider cette transformation (interview pour le Figaro)


À mon avis, cette transformation n’a aucune raison et casse l’originalité de Holly Short en tant que femme dans l’armée, elle ne semble pas apporter quoi que ce soit, si ce n’est le jeu de Judi Dench, une formidable actrice, bien à l’étroit dans un rôle à si peu de lignes… Changer le sexe d’un personnage sans le faire changer psychologiquement ou modifier sa personnalité n’a absolument aucun intérêt.



Des personnages au rôle allégé


Le centaure, qui est un personnage important dans le livre, est totalement inexistant dans le film, on l’aperçoit dans quelques scènes mais il n’y a pas ou peu de dialogues avec lui, et c’est vraiment déroutant quand on sait l’importance qu’il a dans les livres.

Le majordome, incarné par Nonso Anozie, n’a pas beaucoup de scènes, au lieu d’une figure paternelle pour notre héros, il reste un faire-valoir et leur relation n’est pas explorée par le film. C’est dommage, on a vraiment l’impression que ce rôle n’est là que pour ajouter une caution « minorité » au film.

Bien qu’il soit compréhensible que certains personnages soient moins développés dans un film que dans un livre, le choix est crucial et on a ici l’impression que ce choix a été fait au détriment de la profondeur des personnages (l’absence du majordome joue sur la personnalité du héros) et des potentielles suites (le centaure devenant un personnage de plus en plus important au fur et à mesure de l’histoire).

Autre transformation inutile : le nain Mulch est de taille tout à fait normale, ce qui est assez déroutant pour un nain. Il garde néanmoins son côté comique et burlesque qui en fait un personnage sympathique.

Ces transformations changent plus ou moins l’identité des personnages en question, mais elles sont surtout tout à fait inutiles et empêchent le spectateur de retrouver facilement les personnages qu’il connaît dans le livre, ce qui est assez négatif lorsqu’on fait une adaptation.


image du film Artemis Fowl
De gauche à droite : le majordome Butler, Holly Short, le nain Mulch et le héros Artemis.


Voilà les quelques pensées que je souhaitais partager avec vous sur ce film et les personnages de cette histoire. Si vous avez vu le film, n’hésitez pas à me faire part de votre avis en commentaire ! Et pour en apprendre plus sur la construction d’histoires, je vous recommande les articles d’Aman sur le blog.

Florian
 
Découvrez Florian, de l'équipe du Projet CarTylion. Il est le créateur de notre projet transmédia, il gère à la fois la production et le travail de l'équipe.
Créateur du Projet CarTylion
 

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